Les sens

Les sens… La porte vers la perception… Le toucher, le goût, l’odorat, la vue , l’ouïe… Qu’est-ce-que la bonne ou la mauvaise utilisation des sens ?

   Bergson disait que, chez l’artiste, la Nature a oublié d’attacher un des sens aux préoccupations pratiques, de sorte que l’artiste conserve un rapport virginal à ce qui est, une innocence perceptive qui le rend sensible et fait précisément de lui un artiste.

   En fait, cette « préoccupation pratique » n’est rien d’autre pour la plupart des hommes qu’une activité mentale compulsive. C’est elle qui crée ce voile dont parle Bergson et les textes Yoguiques, le voile tissé entre nous et la réalité, ce voile qui fait que nous ne percevrons que de manière distraite et en rapport avec notre intérêt intellectuel. Oui, dans ce sens, on pourra dire que la mauvaise utilisation des sens mène vers la maladie, voire la folie de notre temps, la dépression, le burn-out, le suicide…

   Nous sommes bien trop préoccupés par nos pensées pour voir, sentir, écouter…

   Affiner l’ouïe c’est découvrir que l’Univers tout entier est murmure et vibration…  
   Ecouter, c’est ouvrir un espace à ce qui est et le laisser libre…  
   Ecouter, c’est autoriser l’entrée en scène de la Réalité telle qu’elle est, sans faire barrage, sans vouloir contrôler, sans chercher à fuir ce qui est. L’écoute fait de l’observation une Méditation, en donnant à la Conscience une profondeur qu’elle n’aurait pas sans cela. Ainsi peut commencer le chemin vers la guérison…

   Ah, si l’on pouvait utiliser notre sens de la vue pour Voir et non simplement regarder !
   Comme dit toujours Bergson, nous croyons voir et en fait nous sommes en train de          « reconnaitre ». Nous ne sommes pas émus. La plupart des hommes passent leur vie dans une sorte d’atonie sensible, la perception est intellectualisée, découpée en concepts…Et pourtant, le Monde visible est émouvant, parfois déchirant dans ces contrastes entre laideur et beauté.

   Ces contrastes sont palpables. Au toucher, les choses prennent vie et ne sont pas seulement des objets utilitaires. Prendre le temps de sentir un objet au creux de la main, c’est lui accorder une existence à part entière, sentir qu’il a une réalité sensible qui mérite notre attention. Le plaisir du tact est lié avec le soin que nous accordons à la Beauté. Nous pourrions connaître ce plaisir de la rencontre des choses, à éprouver cette énergie subtile : «…avez-vous donc une Ame ?… » dit le Poète…
   Au lieu de cela, nous sommes tellement accaparé par nos pensées que nous errons comme des fantômes au milieu des choses sans percevoir leur individualité. Cette séparation, ainsi que la relation purement utilitaire, produit l’indifférence, et l’indifférence produit la négligence qui mène vers le déséquilibre et le mauvais goût.

   Le Goût…Ce n’est pas un hasard si le terme « Goût » est emprunté de la relation de la bouche aux aliments, et employé aussi dans la domaine de l’esthétique. Goûter, c’est apprécier le « rasa », la saveur, la sentir se répandre dans la bouche. Apprécier de manière esthétique, c’est en éprouver la résonance et se laisser porter par l’Harmonie de la Beauté, par le charme d’une Présence. Si c’est la pensée qui prescrit ce qui doit être ressenti, ce n’est plus une émotion, ce n’est plus une sensation.

   L’odorat est peut-être le seul sens qui n’exprime pas une pensée, il s’exprime lui même. 
   C’est un ressenti, une sensation, une impression. Le parfum retient et arrête, au milieu de la Nature il ramène vers la Terre, il nous inscrit Ici et Maintenant… 
   Comment alors rester en bonne santé, en Équilibre, si c’est toujours le Mental qui impose sa manière de notre perception du Monde ?

   A mon sens, la Guérison passe toujours par la même porte, celle qui reste ouverte à la Vie. La Vie réelle, et non pas la virtuelle, la mentale. Ce n’est pas l’intellect qui fait la relation avec ce qui est vivant, c’est le Corps avec ses cinq sens. En temps que praticien, mon devoir est de ramener le consultant vers la Présence et l’attention aux sensations, la jouissance charnelle. Le yoga, la danse, le sexe, le jardinage, le massage, la méditation, il existe de nombreuses formes d’activité humaine pour retourner aux sens et à la sensibilité. Ainsi nous sommes en mesure de percevoir des éléments absolus, la Terre, l’Eau, le Feu, l’Air et l’Ether…

   Le sixième sens, ou la capacité de perception extrasensorielle, est notre capacité de percevoir la dimension subtile ou le monde invisible. On peut l’éveiller avec la nourriture      « satvique », vivante et en pratiquant diverses disciplines énergétiques comme le Yoga, le Tai-Chi, le Qi-Gong, la Méditation (avec sa dimension Spirituelle), et ainsi avancer dans notre processus d’autoguérison.

   Elle nous aide à comprendre la relation de cause-à-effet subtile derrière de nombreux événements, qui est au-delà de la compréhension de l’intelligence. C’est en fonction du niveau de développement de ce sixième sens qu’on peut puiser dans un niveau supérieur de la Conscience et de l’Intelligence Universelle, pour éviter la maladie et retourner à la Santé et l’Équilibre.